| | MŒURS ET COUTUMES par le g. DAUMAS | |
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ÇáãÓÇåãÇÊ : 23 ÊÇÑíÎ ÇáÊÓÌíá : 14/07/2008
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| MŒURS ET COUTUMES DE L’ALGÉRIE TELL — KABYLIE — SAHARA PAR LE GÉNÉRAL DAUMAS Conseiller d’État, Directeur des affaires de l’Algérie PARIS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, N° 14 1853 | |
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| Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.comCe site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. | |
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| AVANT-PROPOS. Appeler l’intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les mœurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j’ai entrepris. Je ne me fl atte pas d’avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffi rait pas d’ailleurs la vie d’un seul homme ; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d’une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d’un édifi ce élevé à notre grandeur nationale. Général E. DAUMAS | |
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| LE TELL I. Des races qui peuplent l’Algérie. Les habitants de l’Algérie se divisent en deux races distinctes, la race arabe et la race kabyle. L’une et l’autre suivent le culte mahométan ; mais leurs mœurs, la constitution de leur société, aussi bien que leur origine et leur langue, en forment deux grandes divisions distinctes, que nous nous proposons d’examiner dès à présent. Cette étude nous mettra en mesure de mieux nous rendre compte de l’accord qu’on a voulu établir entre les institutions et les coutumes des habitants. Elle aura aussi l’avantage d’offrir la défi nition de beaucoup de ternies que nous emploierons par la suite, et sur le sens desquels il importe d’être fi xé préalablement. La race arabe doit attirer d’abord notre attention, comme étant à la fois la plus nombreuse et celle que les relations plus suivies nous ont permis de mieux connaître dans ses détails. 4 LE TELL. Il n’existe point de document historique qui nous permette d’apprécier les transformations de la société arabe, avant d’être arrivé à son état actuel. Tout nous porte à croire que tel que nous l’observons aujourd’hui, cet état est voisin de sa forme primitive : ce sont donc les faits actuels que nous nous bornerons à constater. Une partie de la population arabe s’est fi xée dans les villes. Ces musulmans, auxquels nous donnons le nom de Maures, sont compris sous la dénomination générique de Hadar. Nous ne nous occuperons point de cette faible minorité, qui vit aujourd’hui dans un milieu qui n’est pas exclusivement le sien, et qui n’y a point formé société à part, ayant droit à une administration particulière. Les Arabes dont nous parlerons ici, sont ceux qui vivent sous la tente ou sous le chaume, et que l’on désigne sous le nom générique de Hall-El-Badïa. Ils habitent une étendue de pays immense, que la nature a divisé en deux zones très-distinctes. La première comprend un pays fertile en grains et d’une culture facile, qui s’étend entre les hautes chaînes de montagnes et la muer. Les hauts plateaux forment la seconde, qui est pauvre en céréales. Nous disons dès à présent que la première de ces zones est occupée par les Arabes cultivateurs, et la seconde par les Arabes pasteurs ou Rehhala. Nous aurons bientôt l’occasion de nous | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 5 occuper séparément de chacune de ces divisions, et de constater les différences pour la plupart locales, par lesquelles elles se distinguent. On peut déjà, d’après ce qui vient d’être dit, se rendre compte d’une façon générale de la division que nous venons de rappeler et dont la nature du sol a été la cause principale. Il est nécessaire d’examiner maintenant, avant d’aller plus loin, la nature des divisions intérieures dues à des infl uences morales ; d’examiner, en un mot, la société que le caractère arabe et la religion musulmane ont développée en Algérie. La société arabe repose sur trois caractères généraux, qui se trouvent jusque dans ses plus petites divisions. Ce sont : 1° L’infl uence de la consanguinité. 2° La forme aristocratique du gouvernement. 3° L’instabilité des centres de population, ou, si l’on veut, la répugnance des Arabes à se fi er d’une façon permanente sur un point donné du sol. Le premier de ces principes dérive de l’interprétation que les Arabes ont adoptée de la loi de Mohammed. Le second résulte à la fois des préceptes religieux et des habitudes nationales ; le troisième de ces principes enfi n est étranger à la religion et ne tient absolument qu’au caractère du peuple arabe, à des raisons tirées de la culture et de la nature du pas que ce peuple habite. 6 LE TELL Quelle que soit, du reste, dans ces bases de la société, la part qui revient à la croyance ou aux habitudes, leur existence une fois admise, et on ne saurait la nier, l’explication des phénomènes de la vie arabe devient aisée. C’est ce que nous allons essayer de démontrer, en exposant à la fois la naissance, la formation de la tribu arabe et ses divisions actuelles. Un coup d’œil jeté sur le Koran suffi t pour faire comprendre que son esprit est éminemment favorable à l’autorité du père de famille, et qu’il a dû, sinon établir, au moins consacrer les habitudes de la vie patriarcale chez les Arabes. Non-seulement la parenté est plus étendue chez les musulmans que chez nous, puisqu’elle comprend, par exemple, les sueurs et frères de lait, mais elle est encore établie sur des bases plus solides. On comprend, en remontant vers le passé, que, par ces liens de la consanguinité, tous les descendants d’une même famille se trouvaient étroitement unis et soumis à l’autorité d’un seul, par droit naturel. Quelquefois par l’action seule du temps, cette réunion grandissait, se multipliait et formait une petite nation à part. D’autres fois, quand une pareille famille était puissante par ses richesses, ou illustre par ses faits d’armes, la protection qu’elle était en mesure d’accorder à ceux qui voulaient en partager le sort, attirait à elle d’autres familles d’une parenté plus | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 7 éloignée ou même étrangères, mais qui bientôt par des alliances venaient se rattacher à la famille principale. Ce sont de pareilles agglomérations de familles ou d’individus, formées à des époques reculées sous le nom d’un chef commun, qui, après avoir traversé des siècles, ont formé la tribu arabe. Il ne faut donc point être surpris de trouver chez elle ce qu’ailleurs on ne rencontre que dans les grands États : une histoire nationale vivant dans les traditions, des alliances fi xes, des antipathies incessantes, enfi n une ligne de politique tracée et un; grande intelligence des intérêts généraux. C’est, comme nous l’avons dit, la réunion de familles qui se croient généralement issues d’une souche commune, qui forme la tribu arabe. Ce qui distingue cette petite société, c’est l’esprit de solidarité et d’union contre les voisins, qui de son berceau a passé à ses derniers descendants, et que, la tradition et l’orgueil, aussi bien que le souvenir des périls éprouvés en commun, tendent encore à forti- fi er. Comme on le voit, le principe de l’infl uence de la consanguinité, a non-seulement contribué puissamment à former la tribu, mais c’est encore lui qui l’empêche principalement de se dissoudre. Ceci paraîtra encore plus vrai, si on considère la forme du gouvernement de ces tribus, que nous examinerons bientôt et où la noblesse joue un si grand 8 LE TELL rôle. Ainsi toutes les familles nobles d’une tribu se regardent comme unies, plus particulièrement par les liens du sang, alors même qu’à des époques très-reculées elles auraient eu des souches distinctes. Nous aurons bientôt l’occasion de parler en détail de la noblesse chez les Arabes. Le sort des tribus a été extrêmement variable ; quelques-unes sont entièrement éteintes, d’autres sont extrêmement réduites , d’autres encore sont restées puissantes et nombreuses. On peut dire que le nombre des individus formant une tribu, varie de cinq cents à, quarante mille; il est, en tout cas, fort inférieur au chiffre de la population, que les terres occupées par la tribu pourraient nourrir. Il n’est point diffi cile de se rendre compte de cette inégalité de population dans les tribus ; leur genre de vie les soumet à mille vicissitudes, et nous avons vu nous-mêmes, en peu d’années, plusieurs exemples de tribus qui, naguère puissantes et nombreuses, sont éteintes aujourd’hui. Quel que soit du reste le chiffre de la population d’une tribu et son état de fortune, nous le regarderons toujours comme unité politique et administrative. Ce principe entraînera pour vous deux conséquences, dont l’une est relative aux hommes et l’autre au territoire, savoir : La tribu sera administrée par des hommes tirés de son sein, et elle aura, en second lieu, | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 9 un droit exclusif sur sou territoire, sauf les réserves dont il sera question plus tard. C’est cette dernière conséquence admise déjà par le fait, qui constitue aujourd’hui la garantie la ‘plus précieuse de l’ordre public, puisqu’elle nous permet, en tout droit, de rendre la tribu responsable des actes commis sur son territoire en temps de paix, et lorsque les coupables ne se trouvent pas entre les mains de la justice. Les tribus sont divisées en un plus ou moins grand nombre de fractions, selon leur importance. Les noms donnés à ces différentes fractions sont très-variables en arabe : on les appelle ordinairement Kasma, Farka ou Rouabaa, Fekhad, ou Khoms, etc. Nous allons examiner ces différentes divisions. A cet effet, nous reconstituerons la tribu en prenant pour point de départ, sa division la plus restreinte, ou, si l’on veut, son premier élément. Nous croyons utile de dire en même temps un mot des chefs de ces fractions, afi n de nous rendre compte de la limite à laquelle l’État intervient pour imposer un agent, qui veille aux intérêts généraux. De même que la tribu est un élément politique et administratif dans le gouvernement, de même le douar est l’élément de famille dans la tribu. Tout chef de famille, propriétaire de terres qui réunit autour de sa tente, celles de ses enfants, de ses proches parents 10 LE TELL ou alliés, de ses fermiers, forme ainsi un Douar (rond de tentes), dont il est le chef naturel, dont il est le représentant ou Chïkh dans la tribu, et qui porte son nom. L’autorité de ce Chïkh, comme on le comprend déjà, est indépendante de toute délégation extérieure ; ni l’État ni la tribu ne peuvent intervenir dans sa nomination, si on peut appeler ainsi l’acte qui, d’un consentement tacite mais unanime, confère l’autorité à un seul. Les besoins de la vie nomade, aussi bien que les préceptes religieux, expliquent du reste la formation du Douar et sa constitution. Le désir de sécurité pour les individus, la garde des richesses et des troupeaux ont porté les hommes d’une même souche, à se réunir, à voyager ensemble, à se soumettre à une autorité non contestée. L’histoire de tous les peuples nomades nous offre des faits analogues. Divers Douars réunis, forment un centre de population qui reçoit le nom de Farka, etc. Cette réunion a principalement lieu, lorsque les chefs de Douar reconnaissent une parenté entre eux ; elle prend souvent un nom propre sous lequel sont désignés tous les individus qui la composent, et agit ordinairement de concert. Les chefs des Douar se réunissent en assemblée (Djemâa) pour discuter les mesures communes et veiller aux intérêts de leurs familles ; ils forment une sorte d’aristocratie | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 11 qui a ses chefs (El-Kebar). Bientôt encore l’homme le plus incluent ou le plus illustre parmi ces grands devient d’un commun accord le chef de la Farka. En général, le chef d’une Farka ne doit son élévation qu’à la confi ance générale qu’il inspire. C’est la réunion de plusieurs Farka, en nombre très-variable, qui forme les grandes tribus; les petites tribus, au contraire, ne sont souvent constituées que par la réunion des Douar. La nomination du chef d’une tribu, si faible qu’elle soit, ou du chef d’une Farka dans une tribu puissante, n’est plus abandonnée au chou seul des membres de la réunion. L’État intervient ici, nomme ce chef qui reçoit le nom de Kaïd, et en fait le représentant de ses intérêts. Les familles que leur infl uence autorise à aspirer à l’emploi de Kaïd pour l’un de leurs membres, sont parfaitement connues dans les tribus, qui regarderaient comme une humiliation d’être gouvernées par un homme dont l’origine ne serait pas illustre. Ce trait peut donner une idée du caractère essentiellement aristocratique des Arabes. Après avoir examiné la formation d’une tribu et ses divisions intérieures, il convient d’étudier la manière dont la propriété territoriale y est répartie. Les détails relatifs à la distribution du sol, dont nous allons nous occuper ne sont pas, en général, 12 LE TELL applicables aux hauts plateaux habités par les Arabes pasteurs. Nous ferons, dans un paragraphe particulier, ressortir les différences qui existent, sous ce rapport, entre eux et les Arabes cultivateurs. Le territoire occupé par une tribu est nettement délimité et exclusivement partagé entre ses enfants. Nous avons déjà insisté sur ce point important du droit exclusif d’une tribu sur son territoire; la suite nous apprendra la nature des exceptions que souffre ce principe. Contrairement à ce qui a lieu dans la province de Constantine, la tribu est propriétaire du sol qu’elle cultive, au moins en très-grande partie : on peut rencontrer trois catégories parmi les terres, qui sont la propriété réelle de la tribu. 1° Une partie des terres appartient à quelques grandes familles, et ne passe jamais à l’état de propriété commune. 2° Les bois et les terres laissés en friche sont à l’état de propriété commune et utilisés comme tels par les membres de la Farka ou de la division de la tribu à laquelle ils appartiennent. 3° Les terres ensemencées d’une Farka, sont considérées jusque après la récolte comme sa propriété particulière. Nous ayons dit qu’entre les terres appartenant en toute propriété à la tribu, son territoire en | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 13 renfermait souvent d’autres, sur lesquelles elle n’avait aucun droit. Ces dernières sont de deux espèces différentes : elles appartiennent on au gouvernement, on à des corporations religieuses appelées Zaouïas, et dont nous ferons connaître la nature. Les terres du gouvernement sont, en général, bien connues des tribus ; elles comprennent la grande partie des forêts, et une grande quantité de terres labourables. Elles se sont accrues, des biens de la Mecque et Médine, qui, par suite de nouvelles dispositions sont rentrées dans le domaine de l’État. Il est inutile d’examiner en détail les causes qui ont rendu l’État propriétaire d’immeubles aussi considérables; nous dirons seulement que les plus importantes sont les donations, les confi scations et les successions tombées en déshérence. Enfi n une partie du sol appartient à des congrégations religieuses, dont la constitution sera exposée quand nous parlerons de la noblesse militaire et religieuse. Nous nous bornerons à faire remarquer ici que le territoire de ces Zaouïas forme une circonscription distincte dans la tribu, qui, pendant longtemps, n’a point été soumise au pavement des impôts. Bien que l’étendue du pays occupé par une tribu soit en général hors de rapport avec le nombre de 14 LE TELL ses habitants, on rencontre cependant des, Douars qui ne possèdent aucune partie du sol en propre. Les Douars, désignés sous le nom de Ketaâ (pièce, morceau), ne comptent pas d’une façon fi xe, dans telle on telle division de la tribu. Chaque année ils passent un marché avec un Farka, louent sur son territoire la quantité de terres nécessaire à leur subsistance, et se considèrent, pour ce temps, comme membres de la fraction de tribu, avec laquelle ils ont traité. Ces Douars, dont la composition est moins fi xe que celle des Douars de propriétaires, se recrutent dans la classe des fermiers, qui, ayant acquis quelque fortune, désirent mener une vie plus indépendante. Ces fermiers mêmes se désignent ordinairement sous le nom de Khammès (de Khoms, cinquième), parce qu’ils ont droit au cinquième de la récolte, semences prélevées. Les renseignements que nous venons de donner sur la constitution d’une tribu, seraient fort incomplets, si nous n’y ajoutions point des détails sur les hommes qui la composent et surtout sur ceux qui la commandent et la dirigent. C’est ce que nous allons faire en parlant des différentes classes de la société et de la noblesse chez les Arabes. Il est bien rare qu’une société puisse subsister longtemps sans faire naître dans son sein des classes distinctes, jouissant de privilégies, soit matériels, soit moraux. Au premier abord, on pourrait être | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 15 tenté de supposer que, chez un peuple d’un caractère très-indépendant, ces divisions seraient moins tranchées ; mais les faits prouvent que, rapportée aux Arabes, cette supposition serait très-inexacte. Chez eux, en effet, cette distinction des classes est profondément gravée dans les esprits, bien que nous ne nous en rendions pas toujours exactement compte. Accoutumés, comme nous le sommes, à discerner, le plus souvent à des signes extérieurs, les classes de notre société les unes des autres, nous sommes portés à regarder comme égaux entre eux, des hommes dont le costume est assez uniforme et dont les relations réciproques nous offrent le spectacle d’une familiarité étrangère à nos mœurs. Les habitudes de la vie de famille et les circonstances où se trouve le pays expliquent cette apparence d’égalité. Quant au fond, ici comme ailleurs, le serviteur n’est point l’égal du maître, l’homme du peuple ne pèse pas plans la balance autant que l’homme que sa position ou sa famille appellent à jouer un rôle principal. Le peuple arabe a non-seulement ses chefs militaires, mais il a encore ses chefs religieux. Chacun peut juger à sa manière le degré de fi délité et de soumission que les Arabes ont montré pour les hommes infl uents de l’ordre spirituel ou temporel ; amis nul ne saurait révoquer en doute, que ce sont 16 LE TELL ces chefs qui tiennent le fi l de la politique dans les tribus. C’est donc de l’aristocratie militaire et religieuse que nous croyons devoir nous occuper en premier lieu. Il existe chez eux trois sortes de noblesse : 1° La noblesse d’origine. 2° La noblesse temporelle ou militaire. 3° La noblesse religieuse. Examinons en quelques lignes ces différents ordres : 1° On appelle noble d’origine (Chérif) tout musulman qui peut, au moyen de titres en règle, prouver qu’il descend de Fathma-Zohra, fi lle du prophète et de Sidi-Ali-Abi-Thaleb, oncle de ce dernier. On peut dire que c’est Mohammed lui-même qui a fondé cette sorte de noblesse, très-considérée chez les Arabes. Il prescrit, en effet, dans plusieurs passages du Koran, aux peuples qui ont embrassé sa foi, de témoigner les plus grands égards, aux hommes issus de son sang, en annonçant qu’ils seront les plus fermes soutiens et les purifi cateurs futurs de la loi musulmane. Les Arabes montrent, en général, une grande déférence pour les Cheurfa (pluriel de chérifs) et leur donnent le litre de Sidi (mon seigneur). Toutefois, comme leur nombre est très-considérable, au point de former des Farkas particuliers dans certaines tribus, les marques extérieures de respect qu’on leur | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 17 témoigne, varient avec les lieux. Le Chérif est sujet aux lois, mais il a dans les pays musulmans le droit d’invoquer la juridiction de ses pairs. C’est ainsi qu’Abd-el-Kader s’était réserve le droit de les juger lui-même. Les Cheurfas jouissent de prérogatives plutôt morales que matérielles, et leur infl uence ne doit pas se mesurer sur les honneurs qu’on leur rend. 2° Les membres de la noblesse militaire, chez les Arabes, portent le nom de Djouads. Ce sont les descendants des familles anciennes et illustres dans le pays, ou bien encore les rejetons d’une tribu célèbre, les Koraïche, dont Mohammed et sa famille faisaient partie. Dans ce dernier cas, ils se désignent par le nom de Douaouda et représentent une noblesse supérieure aux Djouad ordinaires. La plus grande partie des Djouad tire son origine des Mehhal, conquérants venus de l’est à la suite des compagnons du Prophète. Quoi qu’il en soit, les Djouad constituent l’élément militaire dans la société arabe. Ce sont eux qui, accompagnés de leur clientèle, mènent les Arabes au combat. Par le fait, ces derniers sont presque leurs sujets. L’homme du peuple a beaucoup à souffrir des injustices et des spoliations des Djouad ; ceux-ci cherchent à faire oublier ces mauvais traitements et à maintenir leur infl uence, en accordant généreusement 18 LE TELL l’hospitalité et leur protection à ceux qui la réclament. Du reste, l’habitude qui fait endurer les plus grands maux, a fortement rivé la chaîne qui unit aux Djouad l’homme du peuple. Ces Chïkh, car c’est le nom que les Arabes leur doivent, quels que soient leur âge et leur position, réunissent deux traits saillants du caractère national : l’avidité du gain et un certain amour du faste, quoiqu’au premier abord ces deux penchants semblent opposés. 3° La noblesse religieuse mérite, plus encore que la noblesse militaire, d’être étudiée avec soin, car son infl uence sur les peuples est encore plus puissante, quoiqu’elle ne soit pas basée sur les mêmes fondements. Les membres de cette noblesse s’appellent marabouts. Le marabout est l’homme spécialement voué à l’observance des préceptes du Koran; c’est lui, qui, aux yeux des Arabes, conserve intacte la foi musulmane ; il est l’homme que les prières ont le plus rapproché de la divinité. Aussi ses paroles deviennent des oracles auxquels la superstition ordonne d’obéir et qui règlent à la fois les discussions privées et les questions d’un intérêt général. C’est ainsi que les marabouts ont souvent empêché l’effusion du sang en réconciliant des tribus ennemies ; c’est ainsi que leur protection (Aannaya) a souvent suffi pour garantir de toute atteinte les | |
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 19 voyageurs ou les caravanes. Bien des fois encore ils ont, le Koran en mains, prêché la guerre contre les infi dèles. Ces exemples suffi sent pour démontrer élue leur infl uence s’étend sur les questions religieuses et politiques ; elle est, d’ailleurs, d’autant mieux assurée, que l’exercice du culte, l’explication des livres saints, la consécration de toutes choses, mettent les marabouts en relation continuelle et intime avec les musulmans. Il faut remonter très-haut dans notre histoire pour retrouver le temps où nos évêques jouaient le rôle de marabouts, et où leur infl uence spirituelle et temporelle était assez grande pour allumer aussi une guerre sainte, en entraînant les croisés vers la Palestine. Un des caractères principaux de la noblesse religieuse est, qu’elle est héréditaire comme les précédentes. Les premiers marabouts étaient en général des hommes rigoureux observateurs du Koran, qui passaient pour avoir donné des preuves de leur nature supérieure en produisant des miracles. Tels sont Mouley- Thayeb, Mohammed-ben-Aaïssa, Hhasnaouy, Abd-el-Kader mort à Baghdad, etc., etc., en l’honneur desquels ou retrouve en Algérie une foule de chapelles. C’est ordinairement autour de ces Zaouïas (chapelles), que les marabouts réunissent une sorte de Douar qui prend le nom de Zaouïa, précédé du 20 LE TELL mot Sidi. Une partie des terres voisines provenant en général des donations pieuses, est cultivée par les hommes de la Zaouïa et sert à les nourrir. De larges offrandes, des provisions de toute espèce, sont offertes aux marabouts et à ceux qui, vivant près de lui, étudient la loi; quelquefois même, par suite d’anciennes obligations que la religion prescrit d’observer, les voisins de la Zaouïa lui payent l’âachour ou la dîme; toutefois ce tribut n’a jamais eu de caractère obligatoire devant la justice. Les Zaouïa sont commandées par l’homme le plus infl uent de la famille des marabouts ; l’exercice de l’hospitalité envers tous les voyageurs et les étrangers musulmans, est un des premiers devoirs de sa position ; les criminels même doivent trouver un abri chez lui : c’est ainsi que quelques chapelles (que nous appelons vulgairement marabouts) sont un asile inviolable aux yeux des Arabes. Du reste, Ces congrégations religieuses sont tellement nombreuses dans quelques tribus, telles que les Hachem, par exemple, qu’elles y forment des divisions ou Farka particuliers. Les marabouts ne se livrent ordinairement à aucun travail manuel ; ils se vouent dans l’intérieur des Zaouïas à l’instruction d’un certain nombre d’hommes ou d’enfants, qui leur ont été confi és par les tribus. Ces disciples ou desservants de marabouts prennent | |
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ÇáãÓÇåãÇÊ : 23 ÊÇÑíÎ ÇáÊÓÌíá : 14/07/2008
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 21 le nom de Tolba (de Taleb, Lettré). Ces Tolba étudient la religion dans le Koran, et les diverses branches de connaissances exigées par leur état. Ils ont le droit de consacrer les mariages, de prononcer les divorces, etc., etc., et, à ce titre, ils jouissent d’une certaine considération. Toutefois il arrive rarement, de nos jours, qu’à l’extinction d’une famille de marabouts, un de ces Tolba monte d’un degré et devienne marabout à sa place dans la Zaouïa ; le plus souvent ils aspirent à devenir soit maîtres d’école dans les villes, soit assesseurs du Kady, soit même Kady ; d’autres fois encore ils ne suivent aucune de ces carrières, et vivent du produit des terres affectées à l’entretien du marabout de leur ordre. On commettrait une grande erreur en tirant de ce qui précède , la conséquence que tous les Cheurfa, Djouad ou Marabout occupent une position élevée dans la société arabe ; on en voit, au contraire, journellement occupés à tous les métiers. Mais, si tous les membres de ces classes ne jouissent point d’une part égale de considération et d’infl uence, on peut affi rmer au moins que la puissance et l’autorité ne se trouvent que chez elles. Les classes inférieures, celles qui constituent la masse du peuple, n’offrent pas à beaucoup près chez les Arabes, la même variété que chez nous. On ne trouve, en effet, au-dessous de l’aristocratie, que les propriétaires 22 LE TELL fonciers, les fermiers et domestiques ou manœuvres. Chez les tribus des Arabes pasteurs, où, à de trèsrares exceptions près, la propriété ne consiste qu’en troupeaux, cette uniformité est plus grande encore. (Nous devons encore répéter ici que nous faisons abstraction entière des habitants musulmans des villes). Peut-être serait-il convenable de dire quel est l’état de l’esclavage chez les Arabes ; mais il serait trop long de donner à cet égard des renseignements suffi sants. Nous nous bornerons à dire que l’esprit du Koran autorise l’esclavage, mais en établissant des dispositions qui paraissent avoir rendu très-tolérable la position des esclaves. Les lois relatives aux relations entre le maître et l’esclave sont conçues dans un but tout paternel, et elles ont pour résultat de faire de l’esclave une partie intégrante de la famille. La lacune qui frappe le plus dans la société arabe, tient à l’absence complète des marchands et des ouvriers proprement dits. On peut dire que l’industrie est presque nulle dans les tribus chez les hommes, et celle des femmes ne s’étend guère au delà de la confection des objets nécessaires à l’habillement. Autant les Arabes aiment à se livrer ni petit commerce, autant ils éprouvent de répugnance à s’attacher aux grands travaux de l’industrie, et ce n’est que grâce à bien des efforts et à une grande ténacité, | |
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ÇáãÓÇåãÇÊ : 23 ÊÇÑíÎ ÇáÊÓÌíá : 14/07/2008
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| RACES QUI PEUPLENT L’ALGÉRIE. 23 qu’Abd-el-Kader était parvenu à fonder quelques usines. Les habitants des villes suppléent à cette insuffi sance de l’industrie chez les tribus, ce qui donne naissance au principal commerce qui a lieu aujourd’hui : l’échange des produits manufacturés contre ceux du sol et des troupeaux. Nous avons déjà eu occasion de dire que l’Algérie pouvait être regardée comme formée de deux zones distinctes et renfermant des hommes dont la manière de vivre n’était point la même ; la première de ces zones porte le nom de Tell, et comprend le terrain, en général, fertile que la nature a borné au nord par la mer et au sud par les hautes montagnes et les plateaux-. Les tribus qui habitent cette contrée la désignent sous l’appellation générique de Tellia ; sa population consiste soit en Arabes cultivateurs, soit en Kabyles, dont nous parlerons plus tard. Les Arabes du Tell, selon qu’ils sont plus ou moins fi xes sur le sol, c’est-à-dire selon qu’ils habitent des villages, des gourbis, (les fermes on qu’ils vivent seulement sous la tente, sont désignés par les appellations de hal-el-gueraba (pluriel de gourbi), harl-el-haouach (pluriel de haouch), hal-bit-et-châar (les gens de la maison de poil). Les tribus de cette région sont propriétaires d’un sol fertile en céréales, plus propre à la culture qu’à l’entretien de troupeaux nombreux. Aussi les terres y sont-elles divisées d’une 24 LE TELL façon assez régulière et y forment-elles une grande partie de la richesse des tribus. Dans le Tell, les troupeaux consistent en bœufs et en moutons : ils forment la fortune mobilière. Nous venons de jeter mi coup d’œil sur les habitants de cette partie de l’Algérie qui nous est soumise et qu’on nomme le Tell. Pour compléter la description du vaste ensemble de nos possessions, nous avons encore à parler de la Kabylie et du Sahara : c’est ce que nous ferons plus loin, en consacrant à chacune de ces contrées une série de chapitres, où nous retracerons les mœurs, le caractère et les habitudes de leurs populations. | |
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